Le second millénaire était flambant neuf et sentait encore bon la fin du monde quand Karine (Birgé) et Marie (Delhaye) s'échappèrent, diplôme sous le bras, du dramatiquement célèbre Conservatoire d'Art de Liège. Elles unirent leurs forces pour s'aventurer à travers la forêt brabançonne et tirer la bobinette de la bonne fée Limbos. Agnès (c'est le prénom de la fée) leur ouvrit bientôt son arrière boutique et tant de merveilles s'offrirent à leurs mirettes ébahies : des étagères en corne d'abondance, des alambics en peau de lapin, des lanternes magiques en vrai phare de 2CV!
Elles découvrirent là que Dieu est en nous mais sans papiers et surtout que le monde est plat et tient très bien sur une table. .…
… Alors un beau jour, à l'ombre d'un soleil de crépon point une lune d'aluminium et elles se plurent, s'épouillèrent, et de l'épure advint Le Destin. Ainsi naquirent les Karyatides et le monde n'en fût que plus beau.
Passant de l'âge d'innocence à celui du manifeste, elles n'auront désormais de cesse de revisiter par l'objet les monuments de la littérature, de passer les miniatures par le fil des grandes plumes et de faire sur leur dactyles tablettes s'ébattre à l'air du temps, sans chichi, les mastodontes du Panthéon sous nos yeux miraculeusement nettoyés du waterzooï ambiant, voire durablement rajeunis.
Elles défendent un théâtre populaire qui croit à la poésie de nos références communes, à l'économie qui en dit long, à l'humour qui grince et à l'huile de coude bio de préférence.